N'êtes-vous pas frappé, à chaque fois que vous lisez un mail, par la petite phrase désormais rituelle qui le clôt et vous demande, par souci écologique, de ne pas imprimer le courrier. Sous-entendu : le gaspillage de courrier est nocif pour la planète, alors que le visionnage à l'écran ne consomme ni papier ni encre et est donc parfaitement écologique. Cela est vrai dans la mesure ou visionner à l'écran + imprimer est forcément plus nocif que se seulement regarder à l'écran. Mais ce calcul n'inclut pas le bilan carbone de la fabrication de l'ordinateur, de l'écran, des kilomètres de fil qui a permis l'acheminement du mail jusqu'à chez vous, etc... Alors bien malin qui calculera le vrai bilan carbone de votre mail, à mon avis supérieur à un bête courrier papier transmis par la poste, mais allez savoir. A calculer, donc : au bout de combien de mails non imprimés peut-on s'estimer absous des kilos de matière extraits du sol et transformés pour fabriquer le netbook donc vous vous servez? Question sans réponse de ma part...Et bien on peut se poser les mêmes questions à propos des voitures, comme le fait l'éditorial de Matthieu Perreault sur
Cyberpresse du 16 septembre (le prolongement internet du quotidien québécois
la Presse). Il se base sur une étude depuis discréditée (la validation d'une étude scientifique demande qu'elle soit soumise aux autres chercheurs et validée par eux, ce que l'auteur avait refusé) de 2007 qui prétendait avoir calculé qu'une Toyota Prius (moteur hybride essence / hydrogène), considérée comme un modèle de voiture propre était en fait, si on inclut le carbone généré par sa conception, son développement et sa construction plus émettrice de carbone qu'un Hummer, ces monstres à quatre roues surélevés cités comme modèle de véhicule anti-écologique. Sous-entendu : ne faisons pas de recherche et conservons nos bons vieux modèles qui ont fait leur preuve : réfléchir consomme du carbone... On voit les limites de l'exercice mais celui-ci nous dirige vers un raisonnement intéressant : à quoi sert-il d'économiser du carbone à l'usage si on en a consommé à tire-larigot à la construction? Matthieu Perreault revient sur ce paradoxe et essaie d'évaluer la pollution générée par une voiture sur tout son cycle de vie, depuis l'esquisse du chercheur jusqu'à sa mise à la ferraille. Et en fait, la durée de vie du véhicule est fondamentale dans ce calcul : une voiture tôt accidentée étant fatalement plus polluante que celle qui a encha ®né les kilomètres. Finissons donc par un petit plaidoyer pro-location : une voiture de location étant exploitée plus intensivement qu'une voiture de particulier tout en étant entretenue de façon satisfaisante au long de son cycle de vie, son bilan carbone est bien meilleur que celui d'une autre voiture. A méditer quand vous revendrez votre voiture et hésiterez à la remplacer ! Et pour mener le raisonnement jusqu´au bout, choisissez de séjourner dans des
éco-hôtels lors de vos prochaines vacances.